La fonction publique ivoirienne s’apprête à entrer dans une période de perturbations majeures avec l’annonce d’une grève de trois jours prévue les 15, 16 et 17 octobre 2024. Les salariés des secteurs de l’éducation, de la formation, de la santé et des affaires sociales ont décidé de suspendre leur travail à l’échelle nationale pour protester contre ce qu’ils considèrent comme un manque de dialogue avec le gouvernement ainsi que des conditions de travail insatisfaisantes.
Au cœur de ce mouvement, les revendications des fonctionnaires portent principalement sur l'octroi de primes trimestrielles conséquentes. Les syndicats dénoncent une gestion des ressources humaines qu'ils jugent déséquilibrée, où les efforts des employés de ces secteurs névralgiques ne sont pas suffisamment reconnus ni rémunérés. "Nous travaillons dans des conditions difficiles et nous ne sommes pas récompensés à juste titre", indique un représentant syndical sous couvert d'anonymat. "Ce n’est pas seulement une question de primes, mais aussi de dignité." Fait savoir un porte parole des syndicats au cours d'une conférence de presse qui eu lieu à Abidjan le samedi 12 octobre 2024.
Outre cette question des primes, les syndicats déplorent un dialogue qu’ils estiment "peu constructif" avec l'actuel gouvernement, en place depuis deux ans. Selon eux, les négociations engagées avec l'exécutif sont restées au point mort malgré de nombreuses tentatives d’ouverture de discussions. "Le gouvernement refuse de nous écouter ou d’apporter des réponses concrètes à nos doléances", poursuit le représentant.
En réponse à ce préavis de grève, le gouvernement, par l’intermédiaire de Mme Anne Désirée Ouloto, ministre de la Fonction publique, a publié un communiqué officiel le 11 octobre 2024, sous la référence N° 2097/MEMFPMA/DGFP/DAJC. Dans ce communiqué, le gouvernement rappelle l’existence de la loi n°92-571 du 11 septembre 1992, qui fixe les modalités de la grève dans les secteurs publics. Selon cette loi, les employés des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les affaires sociales ne peuvent cesser de travailler sans respecter un cadre précis.
Le gouvernement appelle ainsi les syndicats à renoncer à leur mouvement de grève et à "continuer à travailler comme si tout allait bien". Le communiqué précise également que la grève envisagée constitue une violation du protocole d’accord sur la trêve sociale signé entre les parties prenantes.
Pour les observateurs, ce bras de fer entre les syndicats et le gouvernement risque de plonger la Côte d’Ivoire dans une crise sociale sans précédent si aucun compromis n'est trouvé. Les secteurs de la santé et de l’éducation, déjà sous tension en raison des nombreuses plaintes concernant le manque de moyens et d'infrastructures, pourraient connaître une paralysie totale. Les hôpitaux et établissements scolaires, essentiels au bon fonctionnement du pays, seraient les premiers touchés par cette grève.
Plusieurs voix s'élèvent pour appeler les deux parties à trouver une solution avant le début de la grève. "Il est impératif que le gouvernement prenne au sérieux les préoccupations des fonctionnaires et que les syndicats, de leur côté, envisagent des alternatives à une grève totale qui affecterait les citoyens", a déclaré un analyste économique.
Cependant, certains représentants syndicaux maintiennent que la grève est inévitable si aucune réponse satisfaisante n’est apportée d’ici la date butoir. "Nous ne voulons pas en arriver là, mais si nous ne sommes pas entendus, nous n’aurons d’autre choix que de poursuivre cette voie", a déclaré un autre porte-parole syndical.
La question qui se pose désormais est de savoir si des négociations de dernière minute permettront d'éviter cette grève qui, à terme, pourrait affaiblir davantage un secteur public déjà fragile. Le gouvernement se montre pour l'instant inflexible sur sa position, invoquant la nécessité de respecter les accords de trêve sociale, tandis que les syndicats continuent de réclamer une amélioration de leurs conditions de travail.
Dans les prochains jours, tous les regards seront tournés vers les échanges entre le gouvernement et les représentants syndicaux. Une médiation sera-t-elle envisagée pour éviter cette impasse ? Ou la grève aura-t-elle lieu, avec des conséquences potentiellement lourdes pour l’économie et la stabilité sociale du pays ?
L’avenir immédiat de la Côte d’Ivoire semble dépendre des décisions qui seront prises dans les heures à venir.